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a lire : "Mercenaires S.A." :DES AFFREUX A LA CHIMERE DE L'ETAT MERCENAIRE

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Message  marcwolf Mer 28 Sep - 15:20

DES AFFREUX A LA CHIMERE DE L'ETAT MERCENAIRE
On les a appelés les "affreux". A en croire Jacques Le Bailly, ce sont les ouvriers et les employés belges de l'Union Minière du Haut-Katanga (UMHK) qui ont ainsi les premiers, affublé de ce sobriquet ces soldats de fortune, partis dans la brousse katangaise traquer les rebelles et qui rentraient hirsutes, dévorés par les sangsues et les moustiques. Comment et pourquoi ces mercenaires se sont-ils retrouvés là ? L'histoire de leur engagement commence avec la proclamation par Moïse Tshombé de la sécession du Katanga, le 11 juillet 1960, onze jours exactement après l'indépendance de l'ex-Congo Belge. Le prétexte choisi est la mutinerie des soldats congolais de la Force Publique contre leurs officiers belges, interprétée par Tshombé comme "une tactique de désorganisation et de terreur" visant à instaurer" une dictature communiste". Le discours anti-colonialiste prononcé par le premier ministre Patrice Lumumba, perçu comme l'homme de Moscou, le 30 juin 1960 effraie la Belgique et l'Union Minière, le géant mondial du cuivre et surtout celui du cobalt produit plus stratégique.

Le gouvernement de Léopoldville rompt le 12 juillet avec la Belgique, qui a dépêché ses paras pour rapatrier ses ressortissants et fait appel à l'ONU. Mais le Président katangais Tshombé, l'enfant chéri de l'UMHK accepte l'envoi à Elizabethville d'une Mission Technique dont les colonels Guy Weber et Frédéric Vandewalle prennent la direction pour fonder aussitôt la gendarmerie katangaise. Le premier ministre belge de l'époque, Gaston Eyskens, félicitera au demeurant Weber le 30 juillet 1960, pour le travail accompli.

Les premiers mercenaires arrivent à l'automne 1960, recrutés par le Belge Georges Thyssens, un fidèle de Tshombé. "Dans l'ombre se trouvaient aussi certains dirigeants de l'UMHK qui, renseignés par leurs services de Bruxelles, savaient que sous la pression des Nations Unies, l'assistance militaire belge s'éteindrait un jour" témoigne Weber. Les faits ne vont pas tarder à corroborer l'appréhension du colonel: après l'assassinat de Lumumba, la Belgique est sommée de retirer ses officiers du Katanga, par le Conseil de Sécurité de l'ONU, le 21 février 1961. Du coup, le recrutement s'intensifie et ces soldats de fortune disent à qui veut l'entendre qu'ils sont inscrits au livre de paye de l'UM, en qualité de "techniciens". Mais le journaliste Jacques Lantier révèle l'existence d'autres bailleurs de fonds: des associations anticommunistes d'Outre-Atlantique telles que l'"American Committee for Aid to Katanga", fondé en novembre 1961, et qui comptait parmi ses membres, l'ancien président Herbert Hoover et Richard Nixon, alors vice-président déchu ainsi que le sénateur raciste Barry Goldwater. Un autre financier de Tshombé et des mercenaires, jusqu'à l'automne 1962, fut selon Lantier, Charles Waterhouse, le président de Tanks Consolidated, une compagnie associée à la Société Générale de Belgique, qui contrôle le chemin de fer menant à Lobito, à travers l'Angola

Ces soldats de fortune sont au nombre de 655 au 1er mai 1961 selon Weber. Ils sont surtout belges (45O) comme Roger Bracco, pilote de la Force Aérienne, des anciens de la guerre de Corée comme Jacques Dufrasne et Bob Noddyn ou comme le capitaine Christian Tavernier, qui entame sa carrière de soldat de fortune à la tête du bataillon "Marsupilami", du nom de l'animal né de l'imagination fertile de Franquin, l'un des maîtres de la BD belge. Mais 220 d'entre eux ont été mandatés par le gouvernement de Bruxelles, témoigne Weber.

A côté des professionnels et de quelques paumés, des garçons de café et même des chauffeurs de taxis, recrutés par des officiers belges, se battent les "volontaires étrangers" dont le plus célèbre est Jean Schramme, le fils du bâtonnier de Bruges, devenu planteur au Congo belge, qui commande le bataillon "Léopard". Contrairement à leurs camarades de la première catégorie fort bien rémunérés (voir encadré), ces volontaires sont des colons pour qui la solde importe peu, surtout désireux de récupérer leur plantation ou leur commerce. Parmi eux, s'égare un frère de la mission catholique de Bunia, raconte Schramme.(...)

Il faudra attendre janvier 1963 pour que la sécession soit vaincue par les forces de l'ONU soutenues matériellement par les Etats Unis, qui après l'élection de John Kennedy ont opéré un virage à 180° dans l'affaire katangaise. Après que la CIA ait soutenu, voire ourdi le coup d'Etat du 14 septembre 1960 à Léopoldville pour mettre en selle son homme, le colonel Mobutu, une fois leur bête noire Lumumba décédée, les Américains n'avaient plus de raison fondamentale de soutenir la sécession katangaise et les Etats Unis votent au conseil de sécurité, la résolution exigeant le départ de tous les conseillers militaires étrangers du Katanga. Pour Washington, l'objectif devient d'éviter que Nicola Khroutchev et ses amis aient le monopole du soutien à la cause nationaliste congolaise. Les mercenaires avaient fini de servir...

Malgré la défaite, pour Denard et quelques autres, l'expérience katangaise a eu le mérite de forger des liens durables pour l'avenir, qui serviront à tisser des réseaux par delà les frontières physiques ou linguistiques. (...)

Bukavu: la chimère d'un Etat mercenaire

C'est sans doute ce lien quasi organique entre les intérêts britanniques et les hommes de la Watchguard, qui constitue le secret de la longévité de l'entreprise. Rien de commun avec le contexte chaotique qui donne lieu à la révolte des chiens de guerre contre leurs maîtres en 1967 au Congo-Léopoldville.

Tout a commencé en 1964, un an après l'écrasement de la sécession katangaise. Face à la rébellion des guérilleros mulélistes, les redoutables "simbas" (lions en langue swahili) dirigés au Kivu par Laurent Kabila, (l'actuel président du Congo-Kinshasa), Tshombé promu Premier ministre du Congo-Léopoldville bat le rappel de ses vieux complices: Mike Hoare que Denard considère comme l'homme de la CIA, Bob lui-même, Schramme et Tavernier qui à la tête de son 14ème bataillon commando "pacifie" la région de Watsa. Cette fois encore, les "affreux" ont un "aumônier". Dans le bataillon Léopard, témoigne Schramme, un homme d'église, s'occupe en effet du renseignement: un certain Louis O., missionnaire flamand, ancien du front de l'Est. Les fidèles Noddyn et Bracco sont toujours là. Le colonel Vandewalle refait surface en conduisant l'"Opération Ommegang" sur Stanleyville, où mille expatriés sont otages des Simbas. Des anciens de la Wehrmacht, comme le major Siefried Mueller, décoré de la Croix de fer sur le front russe, complètent l'effectif.

Pour couronner le tout, la CIA engage des pilotes cubains anticastristes et des commandos de marine recrutés en Afrique du Sud et en Europe. Elle leur procure des vedettes pour attaquer à partir du lac Tanganyika les rebelles de Kabila et couper leurs lignes d'approvisionnement, indique un ouvrage collectif préfacé par Sean Mac Bride. Pour ce faire, l'"Agence" recourt à une société-écran, la "Western International Ground Maintenance Organization (WIGMO) basée au Liechtenstein.

Dans la troupe, on trouve de tout, y compris des jeunes gens en mal d'aventure et quelques psychopathes: Burlion recueille auprès de mercenaires des récits de rebelles brûlés vivants ou d'un soldat de fortune collectionneur de têtes de mort... . Hoare lui-même tient un discours édifiant à son retour du Congo dans une interview parue dans le quotidien la "Libre Belgique" du 15 décembre 1965: "tuer des communistes, c'est comme tuer de la vermine. Tuer des nationalistes africains, c'est comme tuer des animaux. Je n'aime ni les uns ni les autres".

A plus de 800, ces soldats de fortune constituent le fer de lance de l'Armée Nationale Congolaise (ANC) et jouent un rôle décisif dans la reconquête de l'Est du Congo. Mais une fois le "sale boulot" accompli, les Américains veulent éliminer ces alliés de Tshombé, perçu comme l'homme des Belges et des Français. Aussi, aident-ils Mobutu à renforcer les autres unités à leur détriment. Cette politique, le massacre de mercenaires et de gendarmes katangais sur ordre de Mobutu ainsi que l'enlèvement de Tshombé, leur patron, poussent Schramme et ses hommes à la révolte. Le 5 juillet 1967, le bataillon Léopard s'empare de Bukavu et résiste jusqu'au 5 novembre avant de se retirer au Rwanda. La défaite de Schramme et de ses hommes, est aussi le crépuscule d'une illusion: celle de la restauration du pouvoir de colons privés de l'appui de leur métropole, le rêve de l'Etat des volontaires étrangers, les "volos". A bien des égards, l'aventure de Schramme se distingue de celle des autres mercenaires, en ce sens qu'il a administré les territoires sous son contrôle et tenté de renverser Mobutu, proclamant même le 10 août 1967, un gouvernement provisoire dirigé par le colonel katangais Léonard Monga. Bref, Schramme roulait pour lui-même. Sur la fin, on peut même discuter que le qualificatif de mercenaire soit applicable à ce franc tireur, bercé par un impossible rêve. Contrairement aux autres mercenaires, Schramme avait lié étroitement son destin à celui des gendarmes katangais qu'il commandait et sans doute était-il reconnu comme leur chef incontesté. Pendant près de deux ans l'homme s'est considéré comme le gouverneur du Maniema. Il se targuait d'être parvenu à "pacifier" la région et même d'y avoir reconstruit des routes, des hôpitaux et d'y avoir relancé l'activité agricole. Schramme avait de fait installé son propre régime, bannissant même le Mouvement Populaire de la Révolution de Mobutu. "Je constituais un Etat dans l'Etat" écrit-il dans son récit autobiographique. Affreux peut-être, bien que sans doute moins fou que Kurtz, le colonel Schramme tient du héros conradien.

JACQUES LE BAILLY, Une poignée de mercenaires, Presses de la Cité, Paris, 1967

GUY WEBER, Le Katanga de Moïse Tshombé ou le drame de la loyauté, Editions Louis Musin, Bruxelles 1983

HELENE TOURNAIRE ET ROBERT BOUTEAUD, Le Livre Noir du Congo, Librairie Académique Perrin, Paris 1963

JACQUES LANTIER, Le temps des mercenaires, Des Presses de Gérard, Verviers 1969

JACQUES BURLION, Moïse Tshombé abandonné, Editions Pierre de Meyère, 1969

COLONEL JEAN SCHRAMME, Le bataillon Léopard, souvenirs d'un Africain blanc, Editions Robert Laffont, Paris 1969.

Dirty Work, the CIA in Africa, Zed Press, Londres 1980

JACQUES BURLION, Moïse Tshombé abandonné, Op. Cit.

COLONEL JEAN SCHRAMME, Le bataillon Léopard, souvenirs d'un Africain blanc, Op. Cit.




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